Cancer et vélo solaire
Quel rapport entre cancer et vélo solaire? Pourquoi ce blog?
Et bien tout d'abord, pour moi pas de vélo solaire sans Sun Trip. Et pas de Sun Trip si Martine, une amie du WEB, rencontrée sur des pages mettant en relation des cancéreuses, ne m'avait pas incitée à suivre Emilie et Guillaume, membres de sa famille. Donc sans cancer, probablement point de vélo solaire. CQFD.
J'ai d'abord suivi le Sun Trip avec un regard admiratif mais extérieur, en regrettant de n'être pas plus jeune et plus en forme.
Sûr qu'à l'age d'Emilie et Guillaume, j'aurais été emballée de participer moi aussi à cette aventure. La vie passe et on se dit : "Voilà quelque chose que j'aurai pu faire et que je n'ai pas fait". L'espérance de vie a été multipliée par 4 depuis le Moyen-âge. Je suis convaincue qu'elle pourrait à nouveau être multipliée par 4 ou même 10, et qu'elle le sera dans quelques décennies. Des chercheurs y travaillent (pour en savoir plus ou ici pour les anglophones). Vivre 1000 ans sera-t-il suffisant pour réaliser l'ensemble de ses rêves?
IMMORTEL - Un film d'Anki Bilal
Puis petit à petit, l'idée d'acquérir moi aussi un vélo solaire a fait son chemin. Avec mon cancer mes capacités physiques sont altérées. Ce n'est qu'au prix d'un entraînement sportif régulier que je peux améliorer et maintenir mes performances sans repartir à zéro après chaque traitement. L'assistance électrique combinée à des panneaux solaires ouvre des perspectives différentes, en apportant une solution à l'autonomie des batteries. Voilà qui pourrait aider une cancéreuse à réaliser de longs trajets en autonomie en vélo.
Il faut dire que nous sommes particulièrement sensibles aux énergies renouvelables et en particulier au solaire. Yannick, mon mari, a réalisé un chauffe-eau solaire, une toiture de 200m² en panneaux photovoltaïques, un concentrateur solaire expérimental. Quand on est atteint du cancer, l'écologie prend encore plus de sens. Comment ne pas souhaiter un monde plus propre, exempts de tous les produits cancérigènes qui nous agressent et que nous absorbons?
Mon mari et moi réfléchissons donc aux vélos solaires et solutions que nous allons adopter. Le projet est en train de mûrir mais les idées fourmillent. Nous espérons pourvoir faire cet été un tour de France qui devrait nous amener chez nos amis, qui partirait des Hautes-Pyrénes vers Thuir, Istres, Valence, Clermont-Ferrand, Dourdan, et Finistère si nous avons encore du temps.
Ce projet est un moyen de tester des solutions mais aussi et surtout un moyen de tester mes capacités.
Ce blog est un fil d'Ariane sur nos démarches, élaboration et réalisation du projet, et retour d'expérience.
Depuis que je sais qu'il y aura une nouvelle édition du Sun Trip, je ne peux m'empêcher de rêver d'y participer.
Lorsqu'on est bien portant, je crois qu'on s'est tous dit : "Si on me dit que je suis condamné, je ferai le voyage de mes rêves" (avec des variantes : remplace "voyage" par ce qui représente ton rêve).
Personne ne m'a dit que je suis condamnée, mais depuis 2010, je vis avec le sentiment que ma vie sera courte et j'ai beaucoup de mal à me projeter au delà de 6 mois, au-delà de mon prochain bilan de santé. Au cours de ces 3 années, je n'ai rien fait d'extraordinaire pour autant, car le quotidien prend une saveur différente et suffit à contenter mon existence.
J'ai tout de même réalisé des choses qui me trottaient dans la tête depuis longtemps : revoir les volcans de Tenerife, aller au Cap Nord, faire l'ascension du Mont-Perdu (3355m). Il en reste : aller voir mon amie qui vit à Bora Bora, revenir à Olkhon à l'auberge de Nikita (un endroit où il faut absolument aller en vélo solaire), faire le tour du lac Baïkal et terminer le trajet en transsibérien d'Irkoutsk à Vladivostock, aller voir mon amie au Vietnam... et bien d'autres.
Ile d'Olkhon, lac Baïkal. L'auberge de Nikita, un lieu de rencontres, alternatif et écolo
Mais le rêve qui a supplanté tout ceux-là et pris toute la place dans ma tête, c'est participer au Sun Trip 2015 ( quand j'écris ça je me sens complètement dingue, voire ridicule).
Je crois que c'est parce qu'il met en jeu ma santé. Prendre le départ ce serait déjà une victoire. J'ai promis une belle fête pour mes 50 ans et j'aurai 50 ans en juin 2015. Je ne peux arriver à imaginer plus belle fête que le départ du Sun Trip. Et arriver au bout serait un énorme pied de nez à la maladie. Et incontestablement, un moyen de vivre intensément les jours qui me sont offerts.
Voir Astana et... vivre mille ans!